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23 janvier 2025
Pour un accès équitable aux services de garde pour les enfants ayant besoin de soutien particulier
Dans un Québec qui se veut inclusif et équitable, les enfants ayant besoin de soutien particulier et leurs familles continuent de faire face à des obstacles importants pour accéder aux services de garde éducatifs à l’enfance. Ces défis, déjà présents pour toutes les familles dans un contexte de pénurie de places, sont exacerbés pour ces dernières, qui figurent pourtant parmi celles ayant le plus besoin de ces services.
Les parents ne sont pas les seuls à témoigner de ces difficultés; le Protecteur du citoyen et l’Observatoire des tout-petits l’ont aussi souligné dans leurs récents rapports. Ces défis s’expliquent notamment par des ressources humaines et financières insuffisantes pour soutenir les enfants ayant des besoins particuliers, ainsi que les milieux de garde qui les accueillent.

Du côté des familles, qui doivent déjà conjuguer avec des démarches administratives complexes et manoeuvrer à travers le réseau de la santé, elles se heurtent à des portes closes quand vient le temps de trouver une place. Trop souvent, les refus se multiplient à l’annonce des besoins spécifiques du tout-petit, et dans plusieurs cas, un des parents doit quitter son emploi, entraînant des pertes de revenus et un stress considérable.
De leur côté, les personnes éducatrices, qui jouent un rôle central dans le développement des enfants, ne disposent pas toujours des outils, des connaissances ou du temps nécessaire pour offrir un soutien adapté. Plus de la moitié d’entre elles estiment que leur formation initiale ne les a pas suffisamment préparées à intervenir auprès d’enfants ayant des besoins particuliers. Pire encore, seulement 13 % des éducatrices affirment avoir les conditions requises pour détecter les difficultés développementales des tout-petits.
Finalement, au Québec, les services de garde ne sont pas légalement tenus d’accepter des enfants ayant des besoins particuliers. Bien qu’une politique gouvernementale encourage l’inclusion, chaque milieu conserve la liberté de décider s’il accueille ou non ces enfants, ce qui complique souvent l’accès aux services de garde pour les tout-petits qui nécessitent un soutien particulier.

Face à ces nombreux défis, Jennifer Maccarone, députée de Westmount–Saint-Louis, a récemment proposé la création d’un mandat d’initiative pour que les élus de l’Assemblée nationale se penchent sur l'accessibilité aux services de garde pour les enfants ayant besoin de soutien particulier. Ce mandat aurait permis aux élus d’étudier l’enjeu, d’entendre des experts, des organisations et des familles directement concernées sur les problématiques et les pistes de solutions. Une telle démarche aurait également permis de susciter une discussion publique sur les mesures nécessaires pour améliorer à la fois l’accès et la qualité des services pour ces enfants.


Malheureusement, le gouvernement a refusé d’aller de l’avant avec le mandat d’initiative. Ce refus envoie un signal préoccupant aux familles concernées : leurs défis, pourtant documentés
et soutenus par des rapports reconnus, semblent sous-estimés dans les discussions sur l’avenir du réseau. Pourtant, les enfants ayant besoin de soutien particulier demandent simplement à avoir les mêmes opportunités que les autres enfants de leur âge : fréquenter un service de garde, explorer leur quartier, jouer avec des amis et se développer comme tous les autres enfants.
Malgré la complexité des problèmes liés au réseau des services de garde, de nombreuses solutions existent : investir dans le soutien aux milieux, notamment en rendant disponibles des ressources professionnelles stables et accessibles dans toutes les régions; intégrer des notions d’inclusion dans la formation initiale et continue des éducatrices; et établir des mécanismes intersectoriels qui facilitent la collaboration entre les services de garde, le réseau de la santé et les familles. Une concertation entre les partenaires, incluant le ministère de la Famille, permettrait d’étudier ensemble l’éventail de solutions possibles et la manière dont elles peuvent être implantées dans le réseau.
En tant qu’organisations ou professionnel(le)s engagé(e)s dans le développement des tout-petits et auprès des familles, nous invitons le ministère de la Famille à reconnaître l’importance d’être en mode écoute et à réunir tous les partenaires autour de la table pour trouver des solutions concrètes et inclusives. Rappelons-le, la fréquentation d’un milieu de garde de qualité pour tous les enfants est bénéfique pour favoriser l’inclusion sociale, en plus de permettre aux parents de concilier leurs obligations professionnelles et familiales. Ensemble, nous pouvons bâtir un réseau qui ne laisse aucun enfant de côté.
Marylin Dion
Directrice générale de Ma place au travail
Co-signataires de la lettre :
Christine Duquette, Coordonnatrice, J'me fais une place en garderie
Mariève Péloquin, Co-instigatrice, Valorisons ma Profession
Gilles Fontaine, Directeur général, Comité régional pour l'autisme et la déficience intellectuelle
Véronique Lizotte, Chargée de projet , TISGM
Élise Boyer, Directrice générale, Fondation Olo
Sonia Beatrice Vladescu, Directrice générale par intérim, CPE Les petits Travailleurs
Lévis-Simon Carpentier, Agent de défense collective des droits, Ex Aequo
Marie Brosseau, Professeure, Cégep du Vieux Montréal Bureau coordonnateur de Montréal-Nord
Marilou Lagacé, Directrice générale, Centre de la petite enfance KI-RI INC
Marie-Claude Joyal, Directrice générale, CPE de la Côte
Loriana Giuliani, Directrice générale, CASIOPE
Caterine Pelletier, Enseignante en techniques d'éducation à l'enfance, Cégep du Vieux Montréal
Andréanne Massé, Enseignante, Cégep du Vieux Montréal
Anne-Marie Laflamme, Finissantes en techniques d'éducation à l'enfance, Cégep du Vieux Montréal
Carolane April, Finissante en techniques d’éducation à l’enfance, Cégep du Vieux Montréal
Marie-Ève Hudon, Enseignante en éducation à l'enfance, Département d'éducation à l'enfance du Cégep du Vieux-Montréal
Delphine Ragon, Coordonnatrice, PARDI - Parents pour la déficience intellectuelle
Louise Lachance, Enseignante, Cégep du Vieux Montréal
Sandrine Beaufrere, Directrice générale , CPE Coeur atout
Anne Tresidder, Directrice générale, CPE HEC
Dorian Keller, Responsable communication, CRADI
Shirley Dang, Directrice adjointe pédagogique, CPE Autour du Monde
Louise Guillotin, Directrice générale, Corporation l'Espoir
Samuel Pignedoli, Directeur général, Espace Multisoleil
Carolyne Lavoie, Chargée de projet, Répit Québec
Solange Jolicoeur, Éducatrice spécialisée, Fondation Papillon
Lyne Charlebois, Directrice générale, WIAIH - Association de l'ouest de l'Île pour les handicapés intellectuels
Laura Bari, Cinéaste et professeure, Beso Film
Geneviève Labrecque , Directrice générale, Regroupement pour la Trisomie 21
Amelya Li, Finissante en techniques d’éducation à l’enfance, Cégep du Vieux Montréal
Léonie Labelle, Finissante en techniques d’éducation à l'enfance, Cégep du Vieux Montréal
Julie Archambault, Directrice générale, ADMI-Montréal
Chloé Fauvel Parent, Éducatrice spécialisée, CIUSSS NIM
Elena Seco, Coordonnatrice du soutien aux familles, Solidarité de parents de personnes handicapées
Mafoud Hafsaoui, Directeur général, Garderie Claudia Soleil
Sources :
Observatoire des tout-petits, Tout-petits ayant besoin de soutien particulier, comment favoriser leur plein potentiel?, 2023.
Protecteur du citoyen, Rapport annuel d’activités 2022-2023.
La table pour l’intégration en service de garde des enfants ayant une déficience – région de Montréal (TISGM), Trajectoire de l’intégration des enfants ayant besoin de soutien particulier : du service de garde éducatif à l’enfance jusqu’à l’entrée à l’école, 2021.